Théâtre. 2004-La noce chez les petits bourgeois, B. Brecht & Théâtre sans animaux J-M Ribes

La noce chez les petits bourgeois, B. Brecht et Théâtre sans animaux, J-M. Ribes

La pièce de Brecht, La Noce chez les petits-bourgeois, dans laquelle étaient insérés quelques textes du Théâtre sans animaux de Ribes, était jouée sur la scène de la salle polyvalente, dans le village de vacances du CAES. Salle comble, beaucoup d’îliens, beaucoup de résidents. Des spectateurs de plusieurs générations : un grand nombre d’enfants, installés dans les premiers rangs, des jeunes gens, une majorité d’adultes, parmi eux des personnes âgées.

La pièce, d’un comique glaçant (au fur et à mesure que le repas de noce se déroule, la maison se démantibule ; comme les meubles mal collés, les apparences se défont ; la médiocrité des rapports éclate, la mécanique noire de la farce emporte tout sur son passage), a été mise en scène d’une façon chorale (ils sont treize – treize ! un chiffre justement maléfique pour ce mariage catastrophique -), si chorale qu’on perd d’ailleurs un peu les traits singuliers de chacun, les traits de chaque personnage, les traits de chaque comédien. Mais ce léger regret trouve sa compensation. L’effet frappant – effet durable puisqu’il perdure deux mois après – du statut amateur de l’ensemble des comédiens, de l’ensemble de comédiens (les liens de groupe sont évidents), est l’exacerbation des traits du dramatique. Car voir jouer, a tempo, instant après instant, ce texte assez scabreux par des gens qui sont des collègues ou pourraient être des collègues – ou des voisins, ou des amis -, « suivre les étapes [de leur jeu], les difficultés, les victoires » produisait un effet assez similaire à celui produit par le film Festen tourné selon les codes de ce qu’on appelle « le dogme » : acteurs au naturel, caméra à l’épaule, le moins de mise en scène possible.

Cette Noce gagnait donc en violence, en trouble et en brutalité : plus « brute », elle était plus brutale. Plus proche du projet brechtien.

Marie-Madeleine Mervant Roux, Public et spectateur dans le théâtre d’amateurs, in : CAESmagazine n° 72 • automne

Résumé

La noce chez les petits-bourgeois, B. Brecht
Un repas de noce chez de jeunes mariés. Tout est parfait, le repas, les histoires du père, les attentions de la mère, les amis, la famille. Le marié a tout fait dans la maison : le divan, la table, les chaises, l’armoire « même la colle il l’a faite lui-même ». Pourtant, peu à peu tout se déglingue. C’est que ce monde petit bourgeois n’est qu’apparence : il est bancal. Derrière la façade, les fondations ne tiennent pas. Brecht s’est amusé à écrire une comédie qui nous parle avec légèreté de l’état du monde.

Théâtre sans animaux, J.M. Ribes
J’aime beaucoup les étincelles des courts-circuits, les immeubles qui tombent, les gens qui glissent ou qui s’envolent, bref les sursauts. Ces petits moments délicieux qui nous disent que le monde n’est pas définitivement prévu et qu’il existe encore quelques endroits où la réalité ne nous a pas refermé ses portes sur la tête. Ces courtes fables, portraits, gribouillis réunis sous le titre « Théâtre sans animaux » sont une modeste contribution à l’art du sursaut et un hommage à tous ceux qui luttent contre l’enfermement morose de la mesure.

Mise en scène et scénographie

Jean-Claude Parent

Distribution

Marie-Anne Cadoret, Marie-Anne Dourges, Erick Dufourc, Françoise Hubert, Stéphane Jouannigot, Fabienne Lastère, Laeticia Maison, Florent Mancini, Valérie Marty, Michel Merle, Claire Pacheco, Michel Rapaport, Jocelyne Walter

Représentations

3ème Festival d’Oléron, juillet 2004.