
Yerma, Federico Garcia Lorca

Résumé
Entre poème et tragédie antique, cette pièce en trois actes n’est pas le développement d’une action mais celui d’un caractère, comme le déclarait Lorca. L’intense désir d’enfant de Yerma est exposé de façon explicite dès la première scène et repris de façon obsessionnelle tout au long de la pièce jusqu’à développer dans l’esprit du personnage central un cas pathologique d’idée fixe. Yerma n’a épousé Jean que parce qu’il représentait un moyen d’accéder à la maternité. Malgré la tendresse sincère que lui témoigne son mari, la relation amoureuse ne prend sens pour elle que dans le but de la procréation. “ C’est pour mon fils que je me suis donnée à [mon mari…], jamais par plaisir.” (I, II, 2). Elle a pourtant éprouvé plus ou moins consciemment, adolescente, un sentiment amoureux pour un berger, Victor, et on sent que c’est avec lui que Yerma aurait pu avoir un enfant. Yerma est dans l’impossibilité de tenir le rôle traditionnellement dévolu à la femme dans la société rurale de l’Espagne des années 1930. Pourtant, les unes après les autres, Yerma rejette les issues possibles. Elle refuse la proposition de Jean d’adopter l’enfant d’un de ses frères. Elle fait appel sans succès à une magicienne (Dolorès). Seul l’intervention divine, la providence, peut aboutir où la nature a failli. Un pèlerinage (Romería) est organisé chaque année où se rendent les femmes stériles pour prier “le saint qui en donne” (I, II, 3). Après la procession est organisée une fête où les hommes célibataires accourent et rencontrent les femmes pour “accomplir” le miracle du saint. “Les femmes viennent ici connaître des hommes nouveaux. Et le saint fait le miracle.” (III, II, 5). Même si elle est socialement implicitement admise, comment Yerma pourrait-elle accepter une solution aussi contraire à son honneur. Elle rejette donc la proposition de la vieille païenne de se livrer à un autre homme que son mari. La confusion entre le caractère religieux et le caractère païen de la situation, le conflit entre morale et nécessité viscérale, organique, d’accéder à la maternité par tous les moyens a pu choquer une droite conservatrice lors des premières représentations en 1934. De l’impossibilité de trouver une issue, de maîtriser son destin, du conflit entre, d’une part, les forces instinctives, le désir de fertilité et, d’autre part, les codes sociaux répressifs (travailler, s’enfermer, se taire et dormir forment la séquence qui rythme la vie des femmes) naît le sentiment tragique. Ne pas avoir d’enfant est pour Yerma une manière de mourir vivante. Dès lors que son fils lui est définitivement refusé par Jean, l’ardeur amoureuse de son mari lui parait obscène et la malédiction ne peut qu’aboutir à la transformation du désir d’enfant en pulsion de mort. La force créatrice s’est convertie en force destructrice, comme elle l’avait prophétisé dès le premier acte. “Chaque femme a du sang pour quatre ou cinq enfants et lorsqu’elle n’en a pas, il se change en poison. C’est ce qui va m’arriver.”
Mise en scène et scénographie
Wahid Chakib
Musique
Mostafa EL HARFI (oud)
Distribution
Corinne Bure, Floréal Daniel, Sandrine Delord, Véronique Denage, Marie-Anne Dourges, Annabelle Fabre, Ray Godfrey, Jan-Pieter Konsman, Stéphanie Krisa, Fabienne Lastère-Itçaina, Maïté Mendes, Michel Merle
4 représentations
1 et 2 juillet 2009 : Théâtre en Miettes, à Bègles
7 juillet 2009, Salle Le Royal à Pessac
9 juillet 2009 : Salle Georges Brassens à Léognan