Une journée peu ordinaire ou une journée extraordinaire
Le personnage que nous allons créer va vivre une journée peu ordinaire.
I – Consignes données pour cet atelier
A) Préparation avec échauffement
- Mais avant cela, histoire de s’échauffer, chacun écrit le début d’une chanson (sources possibles : enfance – adolescence – adulte – d’aujourd’hui… au choix)
- Notre personnage a un tic, une habitude réflexe lorsqu’il est stressé : précisez
- La gradation ascendante ou descendante : succession ordonnée de termes ou d’idées ou de sentiments.
Exemples : va, cours, vole et nous venge
Je me meurs, je suis mort, je suis enterré
C’est un roc ! C’est un pic ! C’est un cap ! Que dis-je ? C’est une péninsule !
Écrire une gradation ascendante ou descendante. Pour s’aider, choisir un état d’être et augmenter les effets de cet état (fatigue- soif- peur…)
B) Recherche d’indices pour notre histoire
1) Chacun a pris une page du journal Sud-Ouest, et chaque participant note des bouts de phrases ou expression.
- Puis, lecture de nos recherches avec possibilité de noter les expressions des autres.
- Écrire une histoire où notre personnage va vivre une journée peu ordinaire ou extraordinaire en intégrant toutes les phases préparatrices (1-2-3) et le maximum d’expressions recueillies.
Lecture
***
En conclusion : Petite analyse sur ce travail :
Pour la chanson : le plus souvent, nous nous souvenons d’une musique soit entendue dans la journée, soit dans notre enfance. Le fait d’insérer un tic ou habitude réflexe rend notre personnage plus humain, plus vivant, plus attachant. La gradation permet de saisir un moment ou un état d’être et de l’accentuer jusqu’à l’extrême. La recherche dans le journal permet de se rassurer, d’oublier la page blanche et de se mettre tranquillement en action. On s’aperçoit que notre choix devient quand même sélectif (consciemment ou non) et le fait de faire une lecture commune des expressions choisies donne une autre résonnance. Les mots sortis de leur contexte deviennent savoureux et intéressants (météo – course de chevaux – sport- politique…)
II – Textes
Une journée peu ordinaire…
Robert est né dans un des quartiers non prioritaire, ses parents étaient des agents de service employés par la fabrique « Parfums Interdits ».
Sa mère était issue d’une très ancienne famille qui pratiquait toutes sortes de rites qui venaient des anciennes civilisations, quand les pays et les villes avaient des noms. A sa naissance un scarabée s’est posé sur le drap de sa mère et l’insecte est mort.
Elle a pris le scarabée dans sa main et à réciter deux incantations. L’insecte est devenu doré et au moyen d’une chaîne elle l’a mis autour de son cou.
Dehors il neige, avec la pollution environnante c’est comme s’il pleuvait des fleurs de porcelaine. Robert se ronge les ongles car il est nerveux. Il doit déposer un paquet à la gare…
… Lui qui n’a jamais voyagé, réserve un voyage pour la ville N°3. Ça lui fera un joli voyage de la ville N°12 à la ville N°3. Au 20ème ou 21ème siècle ça aurait été un Bordeaux-Londres. Il va chercher son billet au guichet des départs. Son billet dans sa poche, le train s’arrête, il monte dans le wagon, et il part.
Il pense : « De ne pas voyager, avec papa et maman ça nous a bouffé la vie. »
Il se dit : « Je suis fou de partir comme ça, mais c’est comme ça que je m’accepte » .
Eddie
Une journée particulière…
Il s’était couché tôt, fatigué, épuisé, crevé, quasi-mort. Pas de chance, la pluie a commencé à jouer des claquettes sur le trottoir vers minuit. Cela l’a stressé, et il s’est mis à grincer des dents. Il grinçait des dents toutes les nuits, c’était la raison de l’usure de ses dents. Il a mis des heures à se rendormir. Il fallait qu’il récupère : demain sera une journée particulière…
… Demain, c’est le grand départ. Il va peut-être goûter à une forme d’horreur, de boue, de poussière, mais peu importe, il part, et déjà ce rêve de départ est extraordinaire. On lui a pris son pays et il est condamné à l’exil…
… Il repasse dans sa tête toutes les étapes à franchir : le rendez-vous sur la plage, le bateau, surtout ne pas s’engueuler avec son voisin, il devra finir à la nage, courir encore de l’autre côté : une vraie épreuve sportive ! Il imagine un triathlon, la foule qui crie pour l’encourager, il affiche un large sourire malgré l’effort. Il franchit la ligne, il est de l’autre côté. Du bon côté, enfin ? Il pleut sur son pays et il se souvient. Aucune amélioration n’est attendue. Il n’a pas dit son dernier mot.
Joelle
Samedi matin
Samedi matin, quelque part à Paris, quartier de la cité, au 4ème arrondissement, dans ce petit immeuble avec vue sur Notre-Dame, 3ème étage, Appartement 304.
Biiip ! Biiip ! Biiip ! Le réveil se met à sonner.
Lionel tâtonne à l’aveugle, l’esprit brumeux, dans l’espoir de faire taire cette machine de torture.
C’est son jour de repos, mais il doit se lever pour aller déposer son chèque de paie à la banque s’il veut arrêter de manger des pâtes.
Il se lève donc à contrecoeur et se prépare à sortir. Passage éclair dans la salle de bain, 1 café et hop, il dévale les escaliers d’un pas pressé, histoire d’en finir et de passer à autre chose.
Une fois passée la porte de son immeuble, il remonte le col de sa veste, par ce petit temps d’automne, l’air frais est un peu vif et les nuages gris, et dans le font regrette de ne pas avoir pensé à prendre son parapluie au passage. Il n’avait pas pris la peine de s’équiper, la banque n’est qu’à 5 min de marche de la maison ;
Arrivé à la banque, il se rappelle qu’il n’aurait pas pu choisir un plus mauvais moment pour déposer son chèque : début de mois, un samedi matin, un monde de fou. Résigné, il rejoint la file d’attente et commence à écouter la radio à partir de l’application de son smartphone « météo… la pluie… Prévue… Aucune amélioration n’est attendue…. Fait-divers : …. disparition… des recherches… Dès que nous en saurons plus… » Finalement, il décide de couper la radio pour ruminer ses pensées, mélange de souvenirs, de vie personnelle, de désarroi et de doutes. Alors qu’il atteignait le guichet, un événement se produisit derrière lui :
« Ceci est un hold-up ! Les mains en l’air s’il-vous-plaît ! »
Il eut envie de crier de toutes ses forces « Joker ! » et de se carapater loin de là au plus vite, tellement cela semblait irréel mais là, en se retournant, il se figea et compris que ces individus-là n’étaient pas prêts de plaisanter.
Ils étaient costumés en 4 flics (sûrement pour pouvoir camoufler une possible retraite), l’un deux avait le visage tuméfié comme s’il venait d’être passé à tabac, mais les trois autres avaient un regard sinistre.
À l’instant, Lionel se mis à cligner des yeux de façon compulsive. Ce tic l’avait pourtant quitté depuis des années mais avec ce stress qui l’avait submergé sans crier gare, il se sentait comme démuni face à la situation. Pour s’apaiser, il avait l’habitude de chanter en boucle la chanson d’Henri Salvador : « Une chanson douce, que me chantait ma maman, en suçant mon pouce, je l’écoutait en m’endormant… » Il avait beau le faire, cela ne marchait pas cette fois-ci.
Les preneurs d’otage tournaient comme des loups en cage, hurlaient à tout va et frappaient si cela n’allait pas assez vite, ajoutant à la tension ambiante…
Véronique